0 avis
Solaire
Livre
Edité par Gallimard. [Paris] - 2011
Michael Beard aurait tout de lantihéros pathétique (boulimique, chauve, bedonnant, il est proche de la soixantaine et son cinquième mariage est sur le déclin) sil ne sétait vu décerner le Prix Nobel de physique. Croyant que son heure de gloire est derrière lui, il végète en faisant de vagues recherches sur les énergies renouvelables, et cest par ailleurs un coureur de jupons invétéré. Mais voilà quil rencontre un étudiant, Tom Aldous, qui prétend avoir trouvé la solution pour lutter contre le réchauffement climatique. Contre toute attente, cette rencontre va remettre Michael Beard en selle. Celui-ci décide de se rendre au pôle Nord et à son retour, il va de surprise en surprise. Non seulement il trouve Aldous installé chez lui (il est flagrant quil est devenu lamant de sa femme) ; mais lorsque Beard lui demande de quitter les lieux, Aldous glisse malencontreusement, sa tête heurte le coin de la table et il meurt. Beard se débrouille alors pour faire accuser Tarpin, lamant officiel de sa femme, lequel écopera de 18 ans de prison. Dans le même temps, Beard compulse les notes quAldous avait laissées pour lui. Il se les approprie et parcourt le monde de conférence en conférence en prônant cette thèse davant-garde, mais ne tarde pas à se voir traité dimposteur et de plagiaire par son propre centre de recherche, désireux de récupérer le brevet Comme souvent chez McEwan, trajectoire individuelle et destin collectif sont indissociables : de même que létat de la planète sert de toile de fond pour mettre en scène les déviances de Michael Beard et le pousser dans ses derniers retranchements, les errements du physicien représentent autant de signes avant-coureurs de lapocalypse annoncée. Le comique du début cède la place à une ironie absolue, le divertissement à la parabole. Beard, qui devait sauver la planète du désastre écologique, apparaît pour ce quil est : un prédateur narcissique incapable daccepter la moindre frustration. Malgré ses promesses répétées de se réformer, il remet sans cesse au lendemain et court à sa perte. Comme lhumanité. Le dernier sommet de Copenhague rend dune actualité brûlante ce roman, sans doute lun des plus intelligents et des plus narquois de Ian McEwan.
Autres documents dans la collection «Du monde entier (Paris)»